Dom Ferrer Band (FR)
ANNULÉ

Rencontrer Dom  Ferrer, c’est comme ouvrir  une carte routière. Pas une appli  avec la voix de la dame  qui prononce les mots bizarrement et vous envoie d’un endroit à un autre au plus vite. Non, plutôt une carte à l’ancienne,  avec  les plis  usés,  des  endroits  annotés  et  d’autres  cachés.  On  n’y  cherche  pas  seulement  sa route, on y trouve son chemin. Dom Ferrer est français. Mais on s’en fout un peu. Parce que ce qui définit un homme, c’est peut-être moins d’où il vient que les routes qu’il suit. Dom Ferrer a 57 ans. Mais on s’en fout un peu. Parce qu’il avoue avoir envisagé la musique sérieusement à partir de 50 ans, et que Your Rules Are Not Mine est seulement son troisième album. Il  avait composé le précédent lors d’un road-trip entre l’Idaho et la Louisiane, puis l’avait enregistré dans l’Arkansas avec des musiciens de l’Oklahoma. Le nouveau est made in France, mais c’est la suite du voyage.  

Ça commence par Ain’t We Gold, un blues-rock tanné, avec un son de guitare beau comme des piqûres de rouille sur les chromes d’un pare-chocs. Il y a d’autres chansons comme celle-là sur l’album : The Last House et son riff imparable, Just A Little Rain qui sonne comme une errance au milieu de puits de pétrole, ou la déclaration d’indépendance au fronton de l’album, Your Rules Are Not Mine. Le son d’une antique Gretsch demi-caisse,  l’énergie  des  musiciens  qui  enregistrent  en  même  temps  dans  la  même  pièce,  la  voix  d’un homme en révolte, qui pourrait crier fort mais préfère chanter. Il pourrait pleurer, aussi. Car il y a une belle brochettes  de  ballades  chargées  d’émotion  sur  l’album,  des  chansons  d’aires  de  repos,  pour  quand  le réservoir est à sec et le cœur gros. Et puis il y a Rebel, Rebel, la reprise de David Bowie. Parce que c’est une des  plus  belles chansons  du  monde,  et  parce  que  c’est  une  chanson  importante  pour  Dom  Ferrer,  la première qui ait vraiment compté pour lui. A 11 ans, il avait acheté l’album Diamond Dogs avec son frère, et tout de suite adoré Rebel, Rebel

De Rebel, Rebel il y a plus de 50 ans à Your Rules Are Not Mine aujourd’hui, la trajectoire est cohérente, le chemin de vie de Dom Ferrer se raconte. Il n’a pas d’autre ambition que de jouer ce disque sur scène, passer deux  ans  en  tournée  et  puis  refaire  un  disque.  Cet  album  s’écoute  comme  on  lit  une  carte  routière.  Et l’avantage, c’est qu’on aura jamais besoin ni envie de la refermer.  

 
 La carte de Dom Ferrer

Chamrousse, dans les Alpes
Sa première route commence ici, et c’est plutôt un chemin de terre. Il passe son enfance dans les fermes, au cul des vaches. Et sur des skis, il en fera son métier. C’est en Isère qu’il achète son premier disque, Diamond Dogs de  Bowie  choisi  pour  sa  pochette. Rebel  Rebel est  sa  chanson  préférée.  Ensuite,  au  lycée  où  il  est interne,  Dom  découvre  Springsteen,  AC/DC,  Dire  Straits,  JJ  Cale.  Il  commence  à  jouer  de  la  guitare  et  à composer.  

La Corse. Dom Ferrer y  fait son service militaire, avec un rituel: chaque matin, tous les jours, regarder au moins un quart d’heure du film Easy Rider. Pour tenir la journée.  

Copper Mountain, Colorado. Après l’armée, au milieu  des années 80, Dom Ferrer est prof de ski au Club Med. Envoyé dans une station de ski au Colorado, il sort sa guitare le soir au bar. Et découvre la musique de Ry Cooder, John Mellencamp ou Tom Waits. Quand la saison est terminée, il prend sa voiture (un gros break Chevrolet vintage, d’abord modèle Caprice puis un Suburban) et roule à la découverte des Etats-Unis. Son endroit préféré n’est même pas indiqué  sur la carte : c’est celui où il s’arrête le soir pour se laver dans la rivière et bivouaquer. 

Giromagny
Pendant de longues années, Dom Ferrer va se poser à Giromagny, entre Belfort et le Ballon d’Alsace. Il élève une quarantaine de chevaux, enseigne l’équitation et toujours le ski. Des années trop longues, trop lourdes. En plein burn-out, il finira par tout lâcher et repartir.   

Tulsa, Oklahoma.
Un jour, Dom  Ferrer décide d’explorer ce coin des Etats-Unis dont le nom est associé à quelques-uns de ses héros musicaux, JJ Cale, Woody Guthrie ou Leon Russell. Il passe sa première soirée dans  un  bar,  la  nuit  sur  un  canapé  et  les  jours  suivants  à  se  faire  adopter  par  la  scène  musicale  locale. Depuis, il retourne tous les ans à Tulsa. Son van Dodge l’attend chez des amis.  

Suisse Normande
A  l’Est  de  Caen,  c’est  la  partie  la  plus  vallonnée  de  la  Normandie.  Pas  assez  haute  pour  le  ski,  mais suffisamment  tranquille  pour  qu’après  son  burn-out  alsacien  Dom  Ferrer  s’y  installe  dans  une  ferme  à retaper, avec des chevaux, un chien et un chat.   

Alaska.
« Si mon album était un Etat américain, ce serait l’Alaska. Pour l’espace et la liberté de faire ce qu’on veut »