Mathis Haug & Benoit Nogaret (FR)
Vendredi 28 et samedi 29 janvier 2022

 

BEEHere’s to you Mr Watson

« Piochez un titre au hasard dans l’immense répertoire de la musique traditionnelle américaine, vous avez de fortes chances d’entendre une version du Doc. Ce fût une évidence pour nous de revisiter son répertoire, le plaisir de jouer une musique conviviale, d’ouvrir un dialogue avec d’autres musiciens à l’heure d’internet et de faire connaitre ce maitre à une nouvelle génération », témoignent Mathis Haug et Benoit Nogaret.

Guitariste, chanteur, réalisateur, Mathis Haug est présent sur les scènes européennes depuis plus de 20 ans. Il a enregistré 5 albums solo pour les labels Dixiefrog et Nueva Onda ainsi qu’un E.P auto-produit à Memphis. Il a collaboré avec des artistes comme Oum, Pura Fé, JJ Milteau, Eric Bibb, Big Daddy Wilson comme compositeur, musicien et réalisateur...
Il découvre Doc Watson à l’âge de 15 ans, à travers l’apprentissage du « Finger Picking » et le livre « La Guitare à Dadi » il décide alors de s’attaquer au fameux « Deep River Blues », pièce maitresse de la carrière de Doc.

Benoit Nogaret est un guitariste influencé par les musiques américaines depuis son plus jeune âge. Issu d’une famille de musiciens, il apprend la guitare encouragé par son père, et devient grâce à son phrasé unique un musicien très convoité sur scène ou en studio.

C’est en lisant des interviews de musiciens dans les vieux Rock & Folk qui trainent à la maison que Benoit entend parler de Doc watson. Si Bob Dylan ou Jorma Kaukonen le citent en référence, le sens du devoir le pousse à acquérir des albums chez le disquaire du coin. Après avoir dégoté deux vinyles, la musique de Doc pose désormais les bases dans son esprit, au confluent du Blues, du Folk, de la Country et du Rock’n’Roll. L’idée de rendre hommage à Doc Watson tient en premier lieu au plaisir de jouer ses chansons. Proposer ce répertoire permet de faire connaitre ce musicien trop méconnu, de mettre en avant les thèmes abordés dans les chansons : les murders ballads, le mal du pays, l’amour, l’alcool, les chansons de mineurs ou les hobo’s songs. Toutes les chansons de Doc Watson peuvent être abordées de diverses manières : à la guitare, au violon, à la mandoline, au banjo...Ce pourquoi ils ont pris plaisir à convier Christian Séguret, musicien émérite de Bluegrass (qui a notamment interviewé Doc en personne) pour enregistrer sur deux titres au violon et à la mandoline, cette dernière ayant appartenu à Ralph Rinzler.

Here’s to you Mr Watson, fut enregistré live en studio au printemps 2021, et nos 2 musiciens ont prit plaisir à revisiter ces 6 titres tout en respectant l’esprit de Doc.
Sur Roll on Buddy, Worried Blues et The Cuckoo Bird, les guitares acoustiques s’entremelent et dialoguent, en réponse au chant de Mathis, développant un son unique qui s’est forgé pendant toutes ces années à jouer autour de la table de la cuisine, à l’occasion de fêtes familiales, et de festivals. Sur la Murder Ballad Little Sadie, la guitare de Benoit fait s’envoler les mélodies et les solos, tout en amenant une tension au déroulé de l’histoire meurtrière.

Liza Jane fait partie de ces Good time songs que Doc aimait jouer pour faire vibrer son public. La trop rare ballade, Rock, salt and nails ( dont il existe seulement une belle version disponible sur le Web ), fait la part belle à la voix de Mathis qui nous chante cette déception amoureuse avec toute son âme.

Who are you Mr Watson ?

“When you hear Doc Watson singing « Amazing Grace », something else enters the room.” ( Ben Harper ).
Arthel « Doc » Watson est un musicien américain, né le 3 mars 1923 à Deep Gap, Caroline du Nord, et décédé le 29 mai 2012.

Doc Watson perd la vue à un an, mais cet handicap, loin de l’affaiblir, fait de lui un être exceptionnel, doté d’une sensibilité hors-norme et d’une grande humilité. « Mon père m’a mis au travail et cela m’a fait me sentir utile, témoignera t’il plus tard. Il m’a fait savoir que le simple fait que j’étais aveugle ne signifiait certainement pas que j’étais impuissant. C’est lui qui m’a fabriqué mon premier BBEEanjo avec la peau de notre chat récemment décédé, mais c’est à l’institut pour aveugle de Raleigh à l’age de 13 ans que j’ai découvert mon premier véritable amour musical: la guitare. »

« Doc » était un formidable chanteur multi- instrumentiste, maitrisant avec brio la guitare, le banjo et l’harmonica. Sa voix de baryton et sa technicité instrumentale lui ont permis d’aborder un répertoire musical hérité de sa famille d’origine et de la communauté locale, et des chansons qu’il pouvait entendre à la radio: country, blues, jazz et folk songs.
Il commence alors à se produire dans les rues de Lenoir et de Boone, et c’est là qu’il sera repéré et invité à se produire lors d’un show radio. Le présentateur jugeant son nom trop long demande au public de lui trouver un surnom. Une femme l’interpella et cria « appelez le Doc »!

Après avoir joué quelques temps de la guitare électrique, il suit les conseils du musicologue Ralph Rinzler et se consacre exclusivement aux instruments acoustiques. Ce dernier produit l’album « Old Time Music at Clarence Ashley’s » qui le propulse sur la scène naissante du folk revival, et qui lui permet alors d’effectuer une prestation remarquée au Newport folk festival. Sa carrière est lancée.

La musique fait partie intégrante de la famille Watson, et son fils Merle l’accompagne sur scène pendant de nombreuses années avant de décéder dans un accident en 1985. Il partage ensuite la scène avec son petit fils Richard, le fils de Merle. « Quand mon fils Merle et moi avons commencé, se souviendra Doc quelques années plus tard, nous avons appelé notre musique « traditionnelle plus », c'est-à-dire la musique traditionnelle de la région des Appalaches ainsi que tous les autres styles que nous étions d'humeur à jouer. »

Tout au long de sa carrière, Doc Watson enregistra les chansons par dizaines, en studio et en concert, nous léguant par là même un héritage inestimable.

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